Quels cas intéressent la supervision d’équipe ? On peut y reconnaître trois champs de supervision : le champ de la dynamique de groupe, le champ du dispositif institutionnel, le champ du fonctionnement clinique et/ou pédagogique. Il est difficile de se concentrer sur le « pur clinique » lorsque les tensions fortes animent les équipes. Il nous faut aller travailler les émotions tout en ayant comme objectif « que faire ensemble » ? Une supervision, c’est mettre les équipes au travail, ne pas apporter la solution trop vite. Le processus est aussi important que l’aboutissement. Une équipe doit pouvoir fonctionner dans un mode d’attachement intime sécure. Elle doit pouvoir compter sur ses propres compétences, celles de ses collègues. Le cadre n’empêche pas les débordements. C’est dans ces moments-là que l’on prend conscience de l’importance du relationnel, la supervision est un lieu où l’on s’entraîne à vivre un lien sécure qui aide à la contenance. A côté de la clinique du symptôme, ces lieux d’échange constituent des moments privilégiés pour travailler sur une « clinique du lien ». C’est un enjeu à la fois pour les équipes, mais également pour l’accompagnement des bénéficiaires. Tant en supervision qu’en formation, les attentes des participants sont questionnées dès le départ par les superviseurs. En effet, il peut y avoir un décalage entre les attentes des personnes que nous rencontrons dans un premier temps et celles de l’équipe à superviser. Au fil des supervisions, nous faisons le point, afin d’être autant que possible en adéquation avec les besoins de l’équipe, qui peuvent, eux aussi, évoluer au fil du temps. Comment fixer le cadre et allier bienveillance, fermeté, exigence, empathie tant vis-à-vis des bénéficiaires que vis-à-vis des équipes ? Pour les équipes chez qui les interactions relationnelles ont acquis une maturité certaine, ces questions tournent autour de la question clinique qui est au cœur du processus de supervision. Pour les équipes qui ne vont pas bien, il est difficile de se centrer sur la question clinique alors que les tensions, les émotions envahissent le champ de la supervision, que ce soit par le silence ou par des mécanismes de résistance divers. Il est difficile de faire un état des lieux des différentes supervisions puisque le principe de confidentialité s’impose. Nous pouvons cependant observer quelques lignes de force. Certaines équipes s’emparent de ces lieux de réflexion afin de travailler soir sur leurs pratiques, soit sur leur dynamique d’équipe, parfois les deux. Dans ce cas, le travail effectué en supervision produit ses effets, que ce soit en termes de cohésion d’équipe, ou encore de réflexion sur les pratiques et/ou les bénéficiaires. Certaines équipes se sont senties fort malmenées ces dernières années. Pour elles, avant tout travail de formalisation du projet de supervision, un espace d’écoute, d’expression des frustrations, d’expression de la colère ou de la désillusion constitue un temps indispensable avant tout travail spécifique. Pour l’une ou l’autre de ces équipes, on perçoit beaucoup de difficultés à dépasser ces frustrations, ce qui rend l’évolution plus complexe, avec une nécessité de prendre le temps, ce qui peut sembler contradictoire avec le temps qui nous est imparti par l’institution. Créée afin de contribuer à la professionnalisation des agents de prévention et de sécurité, devenus par après gardiens de la paix, les formateurs, confrontés à des usages du cpas mis au travail, ont été confrontés aux manques de repères professionnels, notamment en terme de savoir-être.